Pouvoir et morale : la communauté politique

Rédigé le 22/05/2025


Dans la Bible 

 Israël, choisi par Dieu, n'a pas de roi, il ne reconnaît que Yahvé pour Seigneur. C'est Dieu qui intervient dans son histoire, à travers prophètes,  rois, juges… et David, premier roi, choisi par Dieu, est d'une humble condition.  

Dans le nouveau testament, Jésus refuse le pouvoir despotique sur les nations, mais ne conteste pas les autorités de son temps. Il a combattu la tentation d'un messianisme politique avec domination sur les nations.

Saint Paul rappelle les devoirs des chrétiens vis-à-vis des autorités. Il ne légitime aucun pouvoir, insiste à réaliser le bien pour tous les hommes, pour le bien de la personne humaine.

Enfin, l'Église annoncera que le Christ règne sur l'univers qu'il a lui-même racheté. Cet univers  prendra fin lorsque tout sera remis au Père dans les fins dernières.

 L’être humain s’inscrit dans une communauté politique

Aristote définit l'homme comme « un animal politique », être humain participant à l'organisation de la vie publique comme citoyen.

La personne humaine est fondement, finalité de la communauté qui découle de la nature des personnes, dont leur conscience révèle de respecter l'ordre inscrit par Dieu. La communauté trouve sa dimension authentique dans la référence au peuple qui se caractérise par le partage de vie et de valeurs, source de communion.

Le christianisme insiste sur la valeur inconditionnelle de la personne humaine, quelque soit son état physique, psychique car créée à l'image de Dieu. 

On attend de l'État :

  • considération de l'individu en fonction de sa valeur inhérente
  • opposition au relativisme des valeurs
  • garantie des valeurs morales et religieuses

  La politique est-elle importante ?

Pour les chrétiens, l'État est subordonné à la personne. L'homme se trouve d'abord lui-même, puis trouve sa dignité dans sa relation avec Dieu (relation transcendante), avec ses proches (relation sociale), deux dimensions étroitement liées.  

La société ne peut pas fonctionner sans État, mais il est d'une importance subsidiaire pour constituer un ordre social et l'assurer, comme il y a des rivalités, c'est l'État qui doit apporter de l'ordre dont l'outil principal en est le droit.

Les droits fondamentaux de l'homme sont inaliénables dans le bien commun, en accomplissant une action de défense et de promotion.

La vie en société est basée sur l'amitié civile, la fraternité. Elle est fondée solidement lorsqu'elle tend à la promotion intégrale de la personne, du bien commun, avec solidarité et dévouement au prochain. Le précepte évangélique de la charité éclaire les chrétiens sur la signification  profonde de la communauté.

 La base du pouvoir politique

La personne humaine est l'unique légitimation du pouvoir politique. Celui-ci n'est pas le bon vouloir individuel du chef d'État. Au contraire, le pouvoir est légitimé par le peuple. Les politiques sont capables de trouver la vérité, reconnaître les valeurs et celui qui garantit le bien dans l'absolu : Dieu.

La DSE réfute un scepticisme généralisé niant l'existence d'une vérité et de valeurs morales universelles.

L'autorité doit se laisser guider par la loi morale, reconnaître, respecter, promouvoir les valeurs humaines et morales, promulguer des lois justes conformes à la dignité de l’homme, aux impératifs de la raison droite. Mais personne n’est obligé de suivre en conscience des lois civiles si contraires aux exigences de l'ordre moral, aux enseignements de l'Évangile. C'est l'obligation de s'y refuser, le droit à l'objection de conscience. C’est légitime de résister à l'autorité quand elle viole gravement les principes du droit naturel.

 St Thomas d’Aquin rappelle qu'on est tenu d'obéir que dans la mesure requise par un ordre fondé en justice. 

 “Quand les hommes se proclament propriétaires absolus d’eux-mêmes et maîtres de la création, peuvent-ils vraiment construire une société où règnent liberté, justice et paix ?” Benoît XVI.

  La démocratie est-elle une résultante du christianisme ?

 Oui, en grande partie. Ce n'est qu'avec le christianisme qu'un élément qui était, dans l'Antiquité, réservé à une élite, s'est démocratisé et a été reconnu comme élément fondamental de l'être humain : la dignité de toute personne indépendante de son origine, de sa naissance. 

La démocratie moderne est basée sur les droits de l'homme. Elle n'est pas mieux que d’autres types de régime ( monarchie) parce qu'elle serait plus efficace, mais parce qu'elle suit une autre éthique : l'épanouissement de la personne humaine 

L'Église se réserve le droit d’avoir une distance critique face à tout type d'organisation politique. Elle préfère les gouvernements de type démocratique, sans les idéaliser.

La DSE donne des principes éthiques de base pour vivre ensemble, mais n'est pas compétente pour les réponses techniques de l'organisation politique.

Notons bien que le Christ ne s'est jamais laissé enrôlé par la politique et le christianisme n'est pas une religion politique !