Ma progression route ?

Rédigé le 14/02/2017


Témoignage d'un routier sur sa progression à la route.

 

Cher Frère Routier,

Ma progression route ? Elle a commencé il y a déjà quelques temps, et pourtant, elle contribue aujourd’hui encore à me rendre heureux dans mon quotidien bien concret. Alors voici quelques lignes pour te dire pourquoi je désire partager avec toi la source de ma joie !

Je t’avoue que je l’ai faite sans trop savoir pourquoi ! Finalement j’avais fait 5 ans de scoutisme, et à peu près tout ce que m’avaient proposé mes chefs et le mouvement avait contribué à me faire grandir ! Le constat était évident ! La Promesse, la seconde puis la première classe, les postes d’action, la vie de patrouille, un défi cîmes et raider poussé par un CP motivé, et puis un truc génial… être CP ! Clairement, tout cela m’a fait grandir, m’a appris plein de choses, a fait naître de belles amitiés dans ma vie…

Alors pourquoi tout ce que m’a proposé le mouvement pendant 5 ans et qui était bon pour moi ne durerait pas après la troupe ? Un de mes grands frères avait fait de la route quelques années avant moi et il avait eu l’air de passer des supers moments ! A mon tour alors !

Je me suis donc engagé dans la progression route : l’admission pilote avec les lettres « EP » en choisissant un parrain pilote et un Père Spi. Ensuite – pour faire court –, comme des gars m’ont demandé que je sois leur chef d’équipe, je me suis dit « aïe il va falloir montrer l’exemple » : et hop ! en avant vers la longue piste ! Quel moment génial que cette longue piste !... Pour autant, j’étais encore bien immature à cette époque et je ne me projetais pas vraiment vers le départ routier. C’est lors de mon service de chef de troupe dans la banlieue Lilloise que l’idée du départ m’est venue : lors de mon second CEP (camp de formation des chefs), un des chefs de la maîtrise a pris son départ routier et son témoignage m’a marqué. J’avoue que je ne me souviens plus trop pourquoi, mais je crois que la simple idée de vouloir grandir et progresser toujours davantage m’a séduit. Il faut dire que ce grand gars jovial sur lequel on savait que l’on pouvait s’appuyer me donnait une impression de force tranquille et donnait envie de l’imiter ! Et c’est tout naturellement qu’à mon retour de CEP j’ai demandé à mon chef de groupe de me parrainer pour préparer ce départ routier, puis que j’ai pris cet engagement l’année de mes fiançailles.

Je crois qu’en filigrane de ces petits choix, je me suis toujours un peu dit : si cela a marché pour d’autres (et ils commencent à être nombreux : environ 2500 routiers pilotes et 750 routiers scouts), il n’y a pas de raison que "cela ne marche pas pour moi." Et effectivement, cela a bien fonctionné avec moi !

 

Les fruits de ma progression route

Cette succession de « petits pas en avant » que te propose la route est formidable, presque magique ! En tout cas, d’une douceur et d’une pédagogie exceptionnelle…

NON personne ne te forcera à prendre un engagement.

OUI chaque petit engagement que tu prendras puis tiendras malgré les difficultés et parfois des rechutes durant lesquelles on est encore plus content de se relever ; chaque petit engagement que tu prendras feras de plus en plus de toi un homme.

Pas ce genre d’homme efféminé que l’on peut retrouver en couverture des magazines de mode, pas ce genre d’homme trop musclé pour faire fonctionner son cerveau, pas ce genre d’homme brillant en business à en oublier sa famille… Non, personne ne veut devenir ce genre d’homme.

Chaque petit engagement t’aidera à poser un choix et à le tenir dans la durée. Déjà, avouons-le simplement… : il faut déjà se « dépouiller » un peu pour aller voir quelqu’un et lui demander d’être notre parrain, n’est-ce pas ? Ou alors aller voir un prêtre pour lui demander si il accepte d’être notre Père Spi ?

Finalement, c’est cela l’admission pilote « EP » (équipier pilote / être prêt) : se dépouiller un peu pour sortir de la routine et aller de l’avant ! Avec pour seule certitude que ce qu’on va vivre au clan va être génial et qu’il s’agit de ne surtout pas en laisser une miette… un peu comme pour un match de rugby France-All Blacks où l’on a envie ni de rater le haka alors que le match n’a pas encore commencé, ni les dernières minutes lors desquelles les français finissent par gagner…

Et alors en avant dans la longue piste : se laisser accompagner par un Père Spi et un parrain pour se regarder en vérité, avec deux personnes qui ne sont ni ton chef ni ton père… ça change tout ! Et si ces deux derniers sont indispensables, voilà deux nouveaux regards sur ta vie que tu n’oublieras jamais car ils t’aideront à grandir sans jugement ni enfermement. Au contraire ils t’aideront à être encore plus libre !

Puis vient la longue piste en elle-même : trois à quatre jours seul, enfin coupé du monde bruyant et trop agité dans lequel nous vivons, avec une seule personne avec qui parler, le Seigneur bien sûr. Ça tombe bien, Il t’y attendait à cette longue piste ! Lui s’est dit depuis longtemps : « ce sera le bon moment pour ce petit gars de lui parler. » Un rendez-vous à ne pas rater ! Oui, je t’avoue que durant ma longue piste, à un moment, j’ai bien compris que je ne marchais pas tout seul, que le Seigneur était à mes côtés, qu’il portait même mes pas dans les moments difficiles… Quand j’ai mendié ma nourriture – en me demandant si je n’allais pas devoir sauter un repas car je mésestimais la générosité des personnes que j’allais croiser sur ma route – j’ai eu finalement plus que ce dont j’avais besoin… Plus ? oui bien sûr plus en volume de nourriture, mais surtout de la chaleur humaine que je n’attendais même pas : des sourires, des paroles réconfortantes et encourageantes !

Dans la foulée de la longue piste, l’engagement « RP » (routier pilote / répondre présent) où tu poseras le choix de servir pendant trois années si possible le service que tu auras discerné durant ta longue piste, mais surtout où tu mettras ta tenue de service pendant trois ans : si jamais tu pars pour un semestre à l’étranger, alors en avant ! Va vite voir les scouts du coin ou la paroisse locale pour proposer tes services ! S’engager pour trois ans quand on en a 19-20… c’est pas mal non ? C’est déjà un bon défi, un bon galop d’essai pour le jour où il faudra dire « oui » pour toute la vie ! Bien sûr, il y aura des chutes ou des difficultés ! Ce sera justement là où tu pourras apprendre à te connaître pour tenir bon à l’avenir !

Et puis viens le départ routier, le choix de vie de la « Sainteté à la sauce scout d’Europe » comme disait mon prédécesseur au service de CNR. Le choix de suivre Jésus, tout en sachant de manière paradoxale que nous n’en sommes pas capables… Incroyable non ? Ils sont fous ces scouts d’Europe !! « Avec la Grâce de Dieu, je m’engage… » Oui avec la Grâce de Dieu tout est possible car rien ne Lui est impossible…

En passant, j’en profite pour te dire que le départ routier n’est pas un engagement de vieux ! D’ailleurs, de mon côté je l’ai pris à 22 ans juste avant de me fiancer. De nombreux routiers le prennent à cet âge-là, mais d’autres le prennent plus tard, n’ayant pas eu l’opportunité de le faire avant ou se rendant compte qu’ils étaient passé à côté de quelque chose… « Mieux vaut tard que jamais » dit le dicton… qui sous-entend aussi que, tant qu’à faire, autant faire les choses tout de suite ! Alors en avant !

Tous ces petits engagements m’ont profondément aidé dans ma vie : et particulièrement à me construire en tant qu’homme comme je le disais précédemment. Homme père de famille, homme au travail dans la société, homme de relation, homme face au bon Dieu… C’est dur d’être un homme, surtout dans notre drôle de société où beaucoup de repères – pourtant parfois de simple bon sens – sont brouillés, notamment par le monde médiatique dans lequel nous baignons !

Est-ce que je suis un Saint ? Non c’est clair !

Est-ce que je veux l’être ? Oui bien sûr !

Est-ce que je chute souvent face au Seigneur ? oh que oui ! (et parfois ça fait mal une chute !)

Est-ce que la route m’aide à me relever ? Mille fois oui !

Que m’a-t-elle appris et qui m’aide ainsi ? La persévérance, l’humilité, le service de l’autre, le sens de l’initiative, l’amour du bien commun, la découverte de l’autre, l’ouverture du cœur, la recherche de la vérité…

C’est tout ? Non bien sûr, j’y ai découvert que le Christ m’aimait plus que tout et que jamais il ne me laisserait tomber.

 

Alors mon Frère Routier, et j’ose te dire particulièrement à toi qui arrive tout juste au clan "mon petit Frère Routier" : fonce à corps perdu dans l’aventure de la route ! Vas-y à fond ! Tu ne le regretteras pas !

Et n’oublie pas de prier pour ton frère routier, qu’il soit ton petit ou ton grand frère, pour que lui aussi fonce avec toi sur ce chemin de bonheur !

 

Bien fraternellement,

Jean-Baptiste, RS