Loin des paillettes et des fastes du festival, l’abbaye Sainte Marguerite ne niche au creux des eaux turquoise des îles de Lérins, au large de Cannes.
Le monastère est fondé par Saint Honorat, un aristocrate gallo-romain né au IVe siècle, il choisit l’île qui porte aujourd’hui son nom pour y mener une vie d’ermite. L’île est alors inhabitée, couverte de forêts denses et infestée de serpents.
Honorat, par la prière et le jeûne, débarrasse l’île des serpents et y installe une première communauté monastique vers 410-420 apr. J.-C. Il s'inspire des pratiques du monachisme oriental, notamment égyptien. L’abbaye devient rapidement un centre spirituel influent, attirant de nombreux disciples, dont Saint Eucher de Lyon et probablement Saint Patrick, futur évangélisateur de l’Irlande.
Dès le VIe siècle, l’abbaye de Lérins devient un lieu de formation reconnu pour les futurs évêques et abbés de Gaule. Elle transmet un enseignement fondé sur l’interprétation des Saintes Écritures et leur interprétation, les règles monastiques inspirées de Saint Augustin et la copie de manuscrits, contribuant à la transmission du savoir.
En 891, une attaque dévastatrice conduit au massacre des moines. L’abbaye est pillée, et les moines survivants fuient sur le continent. L’île reste sous domination sarrasine pendant plusieurs années avant d’être reprise. Pour se prémunir contre ces invasions, au XIe siècle, les moines construisent un monastère fortifié, encore visible aujourd’hui : ce monastère fortifié fait de Lérins l’un des rares exemples de monastère militaire en France.
L’abbaye décline au XV et XVIe siècles sous l’influence d’abbés nommés par le roi et peu soucieux de la discipline monastique. En 1788, l’abbaye est sécularisée, et en 1789, les moines sont expulsés lors de la Révolution.
En 1859, l’évêque de Fréjus rachète l’île et y installe des moines cisterciens-trappistes, issus de la Congrégation de la Stricte Observance. Les bâtiments sont restaurés et on relance une activité agricole notamment la culture de la vigne et de l’olivier, le monastère accueille aussi des retraitants. Toutes ses activités sont encore le quotidien de la vingtaine de moines qui vivent encore sur l’île de Lérins, en suivant la règle de Saint Benoît.
L’abbaye de Lérins est donc un lieu unique en France qui perpétue depuis plus de 1 600 ans, une tradition de prière, d’accueil et de travail manuel et reste un sanctuaire vivant, ouvert aux visiteurs en quête de silence et de recueillement.
Sa richesse réside autant dans son héritage spirituel que dans la beauté de son patrimoine architectural et naturel, faisant d’elle un joyau du monachisme occidental.
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