En ce temps-là,
Jésus disait à ses disciples :
« Vous avez appris qu’il a été dit :
Tu ne commettras pas d’adultère.
Eh bien ! moi, je vous dis :
Tout homme qui regarde une femme avec convoitise
a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur.
Si ton œil droit entraîne ta chute,
arrache-le et jette-le loin de toi,
car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres
que d’avoir ton corps tout entier jeté dans la géhenne.
Et si ta main droite entraîne ta chute,
coupe-la et jette-la loin de toi,
car mieux vaut pour toi perdre un de tes membres
que d’avoir ton corps tout entier qui s’en aille dans la géhenne.
Il a été dit également :
Si quelqu’un renvoie sa femme,
qu’il lui donne un acte de répudiation.
Eh bien ! moi, je vous dis :
Tout homme qui renvoie sa femme,
sauf en cas d’union illégitime,
la pousse à l’adultère ;
et si quelqu’un épouse une femme renvoyée,
il est adultère. »
Méditation :
Nous sommes revenus au temps ordinaire, et ce vendredi nous fait demander à Jésus la belle vertu de pureté. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Prenons le temps de nous poser, parce que ce domaine délicat est déterminant pour notre vie tout court, la vie de notre âme en particulier. La pureté demande qu’on examine bien la question, car elle ne va pas forcément de soi, surtout dans notre monde où pèse lourdement l’incitation à l’impureté.
Il est évident que Jésus va plus loin que la simple observance des commandements donnés à Moïse, il fait même davantage qu’aller au fond du problème. Il veut que l’on soit pur, que nous cultivions la vertu de pureté, il s’agit de quelque chose de positif. Cela passe par certains actes concrets, comme nous allons le voir. Aborder la question sous cet angle demande de ne pas passer dessus trop vite, comme s’il fallait juste régler un problème. Non, aborder la question sous cet angle demande de nous arrêter et nous positionner profondément sur la personne que je désire être ou devenir, sur la personne que Dieu veut que je sois. Oserons-nous laisser Jésus nous interroger en profondeur ? N’ayons pas peur de ce regard de Jésus sur nous. Jésus n’est pas là pour nous rendre malheureux, mais fondamentalement heureux. Prenons le temps de nous poser, d’y réfléchir, sans précipitation, et à plusieurs reprises.
Cela implique de se questionner sur ma destinée ultime, la vie éternelle, en méditant la 6ème béatitude : Bienheureux les cœurs purs, ils verront Dieu. Nous avons ici le côté enthousiasmant de la pureté : elle conduit à voir Dieu. Apparaît là un des aspects de l’enfantement dont a parlé Jésus (cf. méditation du 30 mai). En l’espèce, il faut mourir à nos manques de désirs, commencer par renoncer à régler la question rapidement, pour nous ouvrir aux désirs de Dieu sur nous. Cette transformation de nous-mêmes sera à opérer notre vie durant, il s’agit d’un enfantement continu. Nous nous enfantons nous-mêmes, personne ne peut le faire à notre place. Voyons plus concrètement quelques unes de ces morts à nous-mêmes et résurrections, à entreprendre avec détermination.
La vertu de pureté comprend fondamentalement l’appréciation de l’autre dans sa totalité, dans sa globalité, c’est-à-dire voir en l’autre une personne humaine. Dans la Foi, nous savons que Jésus a versé son sang pour tous les hommes, et c’est bien sous cet angle que nous devons considérer chaque être humain. Jésus voudrait racheter tous les humains. Cela implique de ne pas rabaisser qui que ce soit, ne pas isoler tel ou tel aspect de sa personnalité (aspect vrai ou supposé), ne pas s’arrêter aux apparences (y compris celles que se donnent les personnes), voire les tenues vestimentaires, etc. Cela demande de renoncer à tout ce qui en nous peut avoir tendance à rabaisser l’autre, ou du moins à ne pas le considérer dans sa véritable grandeur, quels soient par ailleurs ses qualités, vertus, ….ou défauts.
Cela suppose encore de voir à la fois chaque personne dans sa singularité, et d’élargir le regard à l’ensemble : famille, groupe, nation, humanité entière, l’Église. Par le fait même, cette attitude conduit à dépasser nos a priori (positifs ou négatifs), voire nos jugements ou même nos appréhensions et nous rapproche de la façon dont Jésus voit les personnes… dont je fais partie ! Il y a donc nécessité de se débarrasser de nos fixations, nos enfermements, nos espèces de tiroirs dans lesquels nous classons plus ou moins consciemment les personnes. En soi, il s’agit déjà d’une certaine exigence, exigence toujours à reprendre.
Il nous faut pourtant aller plus loin : chacun de nous a « des passions ». Le numéro 1763 du CEC décrit brièvement ce que sont les passions : Le terme de " passions " appartient au patrimoine chrétien. Les sentiments ou passions désignent les émotions ou mouvements de la sensibilité, qui inclinent à agir ou à ne pas agir en vue de ce qui est ressenti ou imaginé comme bon ou comme mauvais. En tant que telles, les passions ne sont ni bonnes ni mauvaises. De plus, nous ne sommes pas toujours responsables de nos passions. Mais il nous appartient de juger si elles vont dans le sens du bien ou du mal, et le cas échéant de ne pas y céder, et même de les combattre. Lisons encore les numéros 1765 et 1766 du CEC : Les passions sont nombreuses. La passion la plus fondamentale est l’amour provoqué par l’attrait du bien. L’amour cause le désir du bien absent et l’espoir de l’obtenir. Ce mouvement s’achève dans le plaisir et la joie du bien possédé. L’appréhension du mal cause la haine, l’aversion et la crainte du mal à venir. Ce mouvement s’achève dans la tristesse du mal présent ou la colère qui s’y oppose.
" Aimer, c’est vouloir du bien à quelqu’un " (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 26, 4). Toutes les autres affections ont leur source dans ce mouvement originel du cœur de l’homme vers le bien. Il n’y a que le bien qui soit aimé (cf. S. Augustin, Trin. 8, 3, 4). " Les passions sont mauvaises si l’amour est mauvais, bonnes s’il est bon " (S. Augustin, civ.14, 7).Par exemple, je suis attiré par le chocolat. Je n’y puis rien, et je peux même en manger dans une certaine mesure. Seulement, si je dévore chaque pain au chocolat que je vois, voilà le signe que je ne suis pas maître de cette inclination.
En outre il peut y avoir nos tendances mauvaises, qui peuvent être très fortes, et qui ont pu peut-être s’aggraver par nos péchés.
Enfin, comme nous l’avons mentionné au début, l’influence d’une société libertaire n’est pas à négliger, surtout lorsque l’on sait l’impact de l’image et des réseaux sociaux sur nos imaginations ou comportements.
C’est à ces différents niveaux que nous devons parler du « combat olympique de la pureté », expression employée par nos fondateurs, le père Lucien Marie et Mère Marie Augusta, dès ...1948 ! Car il existe bien un combat à mener pour ne pas se laisser prendre aux pièges de la sensualité, ou de la sentimentalité. Ce combat passe nécessairement par chacun de nous, il peut être long et difficile à mener. Car nous devons parvenir à avoir un cœur pur, c’est-à-dire que le centre de nos affections, de nos sensibilités, de notre intelligence et de notre volonté, soit totalement pur. Enfin, ne sous-estimons pas le malin qui peut faire pression sur l’imagination, nos impressions, voire en donner de fausses, comme de fausses évidences, etc.
Jésus désire nous faire triompher de ce combat, plus que nous-mêmes pouvons le désirer. Il nous aime, et ce n’est pas pour rire ! Prenons alors les armes qu’Il met à notre dispositions :
- toujours regarder vers le haut, vers ce qui est grand, ce qui nous élève, vers ce qui incite à nous dépasser nous-mêmes. En un mot, n’ayons pas peur de regarder vers le cœur miséricordieux et pur de Jésus, et vers le cœur immaculé de Marie. Laissons-nous prendre par leur beauté, laissons-les nous conquérir à leur beauté et à la force qui y réside.
- à partir de là, osons poser un regard lucide sur nous-mêmes. Où en suis-je ? Qu’est-ce que je fais de ma vie ?
- Parfois il n’est pas évident de poser ce regard. Ne le faisons jamais seul. Laissons Jésus poser ce regard sur nous. Jésus n’approuve jamais les mauvais comportements, mais jamais non plus Il ne rejette ni réprouve ceux qui s’approchent de lui avec confiance.
- Si nous nous regardons nous-mêmes sans l’aide de Jésus, nous risquerions peut-être de nous décourager, et en tout cas le démon en profiterait pour essayer. Fermons-lui la porte sans discussion.
- Recourons aux sacrements, en particulier la confession. Non seulement est donné là le pardon des péchés, mais encore une force pour mener le combat.
- Prendre le temps de participer à la Messe en semaine, de passer du temps en prière devant le Saint Sacrement, et des temps d’adoration.
- La prière est indispensable, et particulièrement le recours à la sainte Vierge, dans la prière du chapelet surtout. Dans notre communauté religieuse, nous vénérons la Vierge Marie sous le titre de Notre Dame des Neiges. Sa blancheur éclatante n’est pas pour nous aveugler, mais nous attirer et nous donner part à sa pureté.
- Aujourd’hui, le combat se porte énormément sur l’usage du portable ! Le portable demeure un bon outil, mais il peut faire de très gros dégâts, ne serait-ce que par le temps que l’on y passe. C’est à ce niveau d’abord qu’il est absolument indispensable de s’imposer une discipline de vie, et une discipline rigoureuse. Outre les moyens, comme les « pare-feu », le contrôle strict du temps passé, ne pas papillonner et zapper sur les sites, etc., le rejet immédiat et énergique de tout ce qui peut salir notre regard, donc notre âme, s’imposent si on ne veut pas se laisser aller. Nous devons rester maître du portable, et non laisser le portable nous gouverner.
Par le regard, beaucoup d’images « entrent » dans nos âmes. Là encore, nous devons veiller pour ne pas nous laisser surprendre, tellement cela va vite.
Il y aurait beaucoup de choses encore à dire. Laissons le mot de la fin à saint Jean-Paul II :
Le chemin de l'amour selon le Christ est un chemin difficile, exigeant. Il nous faut être réalistes. Ceux qui ne vous parlent que de spontanéité, de facilité, vous trompent. La maîtrise progressive de notre vie, apprendre à être celui que Dieu veut, demande déjà un effort patient, une lutte sur nous-mêmes. Soyez des hommes et des femmes de conscience. » (Lourdes, 15 août 1983).
Résolution :
Quels sont les chemins sur lesquels je peux faire des efforts concernant la pureté, la vérité, la sincérité, l’honnêteté... Je demande conseil à mon Père Spirituel pour qu'il m'aide à trouver les pistes les meilleures pour m'aider à grandir sur ce chemin parfois difficile mais dans la confiance et l'espérance.