La foi que j’aime le mieux, dit Dieu, c’est l’Espérance

Rédigé le 31/10/2025


« Dans la prière on s’élève au dessus de la tristesse de la vie. »
St Pier Giorgio Frassati

La Foi ça ne m’étonne pas. Ce n’est pas étonnant. J’éclate tellement dans ma création. La Charité, dit Dieu, ça ne m’étonne pas.
Ça n’est pas étonnant. Ces pauvres créatures sont si malheureuses qu’à moins d’avoir un coeur de pierre, comment n’auraient-elles point charité les unes des autres. Ce qui m’étonne, dit Dieu, c’est l’Espérance. Et je n’en reviens pas.
L’Espérance est une toute petite fille de rien du tout. Qui est venue au monde le jour de Noël de l’année dernière. C’est cette petite fille de rien du tout. Elle seule, portant les autres, qui traversa les mondes révolus.
La Foi va de soi. La Charité va malheureusement de soi. Mais l’Espérance ne va pas de soi. L’Espérance ne va pas toute seule. Pour espérer, mon enfant, il faut être bienheureux, il faut avoir obtenu, reçu une grande grâce.
La Foi voit ce qui est. La charité aime ce qui est. L’Espérance voit ce qui n’est pas encore et ce qui sera. Elle aime ce qui n’est pas encore et qui sera. Sur le chemin montant, sablonneux, malaisé.
Sur la route montante. Traînée, pendue au bras de ses grandes soeurs, qui la tiennent par la main, la petite espérance s’avance.
Et au milieu de ses deux grandes soeurs elle a l’air de se laisser traîner. Comme une enfant qui n’aurait pas le force de marcher. Et qu’on traînerait sur cette route malgré elle. Et en réalité, c'est elle qui fait marcher les deux autres. Et qui les traîne, et qui fait marcher le monde. Et qui le traîne. Car on ne travaille jamais que pour les enfants. Et les deux grandes ne marchent que pour la petite. Charles Péguy - Le Porche du Mystère de la deuxième vertu Qui n’a pas vu la route, à l’aube entre deux rangées d’arbres, toute fraîche, toute vivante, ne sait pas ce que c’est que l’espérance. L’espérance est une détermination héroïque de l’âme, et sa plus haute forme est le désespoir surmonté.
On croit qu’il est facile d’espérer. Mais n’espèrent que ceux qui ont eu le courage de désespérer des illusions et des mensonges où ils trouvaient une sécurité qu’ils prennent faussement pour de l’espérance. L’espérance est un risque à courir, c’est même le risque des
risques. L’espérance est la plus grande et la plus difficile victoire  u’un homme puisse remporter sur son âme…
On ne va jusqu’à l'espérance qu’à travers la vérité, au prix de grands efforts. Pour rencontrer l’espérance, il faut être allé au-delà du désespoir. quand on va jusqu’au bout de la nuit, on rencontre une autre aurore. Le démon de notre coeur s’appelle “A quoi bon !”. L’enfer,
c'est de ne plus s’aimer. Les optimistes sont des imbéciles heureux, quant aux pessimistes, ce sont des imbéciles malheureux. On ne saurait expliquer les êtres par leur vices, mais au contraire par ce qu’ils ont gardé d’intact, de pur, par ce qui reste en eux de l’enfance,
si profond qu’ils aillent le chercher. Qui ne défend la liberté de penser que pour soi-même est déjà disposé à la trahir.
Si l’homme ne pouvait se réaliser qu’en Dieu ? Si l’opération délicate de l’amputer de sa part divine - ou du moins d’atrophier systématiquement cette part jusqu’à ce qu’elle tombe desséchée comme un organe où le sang ne circule plus - aboutissait à faire de lui un
animal féroce ? Ou pis peut-être, une bête à jamais domestiquée ? Il n’y a qu’un sûr moyen de connaître, c’est d’aimer. 
Bernanos - Conférence

Ce qui n’est pas encore et qui sera Au moment de son Ascension, Jésus laisse à ses disciples une parole décisive : « Vous allez recevoir une Force » (Ac 1,8). Ces mots, adressés aux apôtres, sont aussi un message d’espérance pour chacun de nous. Le Christ ne nous laisse pas seuls : il nous promet la force nécessaire pour l’annoncer et pour le suivre. Depuis ce jour, la vertu d’espérance guide les chrétiens. Elle est cette disposition intérieure qui nous permet de demeurer dans la promesse de Dieu, même quand elle tarde, même quand nous ne voyons pas encore son accomplissement.
L’espérance nous donne à voir ce qui n’est pas encore et qui sera : l’avènement du Règne de Dieu, la venue de l’Esprit dans le monde et dans nos vies. Elle nous apprend à tenir dans l’attente, à regarder au-delà des limites du présent. Péguy l’exprimait avec force en décrivant
l’espérance comme une enfant fragile, paraissant incapable d’avancer, mais qui, en vérité, entraîne derrière elle ses grandes soeurs, la foi et la charité. Cette image paradoxale dit bien la force de l’espérance : discrète, presque invisible, mais capable de faire marcher le monde. Le Christ ne précise ni quand ni comment cette force viendra. Il demande à ses disciples de patienter, de demeurer unis dans la prière, dans une attente féconde. Pour nous aussi, ces paroles sont un réconfort : même si nous manquons, si nous tombons dans le péché, si nous sommes faibles, médiocres ou lâches, nous pouvons garder dans notre coeur cette certitude : « Vous allez recevoir une Force. » L’espérance est cette persévérance patiente qui nous empêche de céder au découragement. Bernanos rappelle que l’espérance n’est pas une illusion facile : elle est une « détermination héroïque de l’âme », la victoire sur le désespoir.
Celui qui a traversé la nuit sait que la lumière existe. Pour lui, la force promise n’est pas seulement une réalité future : elle est déjà donnée. L’espérance nous met debout au coeur de la fragilité, elle nous fait croire que la vie peut recommencer malgré nos échecs.
Ainsi, recevoir la force de l’Esprit, c’est marcher dans la conviction que tout dépend de Dieu, mais aussi avancer avec courage comme si tout dépendait de nous. L’espérance ne nous dispense pas d’agir : au contraire, elle nous pousse à entraîner le monde derrière nous, à
témoigner que le Règne de Dieu vient, déjà, dans nos vies.

Questions :
• Ai-je déjà ressenti le « à quoi bon » dont parle Bernanos ? Qu’est-ce que je fais quand je me sens découragé ? • Est-ce que je crois que l'Esprit Saint agit déjà en moi, même si je ne le ressens pas toujours ?
• Est-ce que je prends le temps de regarder vers « ce qui n’est pas encore et qui sera », ou est-ce que je me laisse enfermer dans le présent immédiat ?
• Si l’espérance est une force qui entraîne les autres, comment puis-je être, moi aussi, un signe d’espérance pour ceux qui m’entourent ?