Frères et sœurs, nous avons aujourd’hui besoin de cette révolution de l’amour. Aujourd’hui, cette route qui descend de Jérusalem vers Jéricho, une ville située au-dessous du niveau de la mer, est la route empruntée par tous ceux qui sombrent dans le mal, dans la souffrance et dans la pauvreté ; c’est la route de nombreuses personnes accablées par les difficultés ou blessées par les circonstances de la vie ; c’est la route de tous ceux qui « descendent plus bas » jusqu’à se perdre et toucher le fond ; et c’est la route de nombreux peuples dépouillés, volés et pillés, victimes de systèmes politiques oppressifs, d’une économie qui les contraint à la pauvreté, de la guerre qui tue leurs rêves et leurs vies.
Et nous, que faisons-nous ? Est-ce que nous regardons et passons outre, ou bien nous laissons-nous transpercer le cœur comme le Samaritain ? Parfois, nous nous contentons de faire notre devoir ou nous considérons notre prochain seulement celui qui fait partie de notre cercle, celui qui pense comme nous, celui qui a la même nationalité ou la même religion ; mais Jésus renverse la perspective en nous présentant un Samaritain, un étranger et un hérétique qui se fait proche de cet homme blessé. Et il nous demande de faire de même.
Le Samaritain, écrivait Benoît XVI, « ne demande pas jusqu’où s’étendent ses devoirs de solidarité, ni quels mérites lui assureront la vie éternelle. Les choses se passent autrement : il a le cœur déchiré [...]. Si la question avait été : “Le Samaritain est-il lui aussi mon prochain ?”, la réponse aurait été, dans la situation donnée, un « non » sans équivoque. Mais Jésus renverse les choses. Le Samaritain, l’étranger, se fait lui-même mon prochain et me montre que je dois apprendre par moi-même, de l’intérieur, à être le prochain de tous, et que la réponse se trouve déjà en moi. Il me faut devenir quelqu’un qui aime, une personne dont le cœur se laisse bouleverser par la détresse de l’autre ».
Voir sans passer outre, arrêter nos courses effrénées, laisser que la vie de l’autre, quel qu’il soit, avec ses besoins et ses souffrances, me brise le cœur. C’est cela qui nous rend proches les uns des autres, qui engendre une véritable fraternité, qui fait tomber les murs et les barrières. Et finalement l’amour se fraye un chemin, en devenant plus fort que le mal et que la mort.
Bien aimés, regardons le Christ, le bon Samaritain, et écoutons aujourd’hui encore sa voix qui dit à chacun de nous : « Va, et toi aussi, fais de même » (v. 37).
Résolution :
« Va, et toi aussi, fais de même ». Quand j'entends cette parole du Christ, est-ce qu'elle retentit en moi comme une cymbale pour m'inviter à agir comme le Seigneur sur les routes de Galilée. De quelle manière puis je ressembler davantage aujourd'hui au Seigneur ?
