En ce temps-là,
Jésus vit, en passant, un homme, du nom de Matthieu,
assis à son bureau de collecteur d’impôt.
Il lui dit :
« Suis-moi. »
L’homme se leva et le suivit.
Comme Jésus était à table à la maison,
voici que beaucoup de publicains
(c’est-à-dire des collecteurs d’impôts)
et beaucoup de pécheurs
vinrent prendre place avec lui et ses disciples.
Voyant cela, les pharisiens disaient à ses disciples :
« Pourquoi votre maître mange-t-il
avec les publicains et les pécheurs ? »
Jésus, qui avait entendu, déclara :
« Ce ne sont pas les gens bien portants
qui ont besoin du médecin,
mais les malades.
Allez apprendre ce que signifie :
Je veux la miséricorde, non le sacrifice.
En effet, je ne suis pas venu appeler des justes,
mais des pécheurs. »
Méditation :
Notre méditation portera sur les 2 points évidents qui se dégagent de l’Evangile de ce jour : Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. (Mt 9, 13) Avec le second nous méditerons sur l’appel de St Matthieu.
Allez apprendre ce que signifie : Je veux la miséricorde, non le sacrifice. (Mt 9, 13). Que veut dire Jésus ? Oppose t-il la miséricorde et les sacrifices au profit du 1er ? Le sacrifice est-il devenu caduc ? Serait-il bon uniquement pour l’Ancien Testament ?
Dieu a déployé sa miséricorde tout au long de l’histoire d’Israël et de l’humanité. Nous pourrions opérer un rapide parcours biblique à cette fin, mais cela serait trop long. De toute façon, Israël sait que Dieu est miséricordieux. Malheureusement, le parti des pharisiens dans son ensemble, et sans doute avec eux la majorité des élites religieuses d’Israël, pense pouvoir être juste devant Dieu par la pratique de la Loi. Et la Loi comporte notamment un certain nombre d’offrandes et de sacrifices.
Ce n’était pas totalement erroné. Mais l’erreur consiste à opposer les deux, erreur qui peut toujours se reproduire, plus ou moins consciemment. Il n’y a pas à opposer la miséricorde et le sacrifice, et on s’égarerait à y voir le sens des propos de Notre Seigneur. La pratique de la Loi est bonne en soi, car la Loi mosaïque est bonne (cf. Rm 7, 12) mais elle n’est pas à couper de la miséricorde. Par miséricorde, Dieu a formé son peuple Israël, l’a fait sortir d’Egypte, lui a donné la loi et tout le reste. Les sacrifices sont bons en soi, mais ils sont à comprendre dans cette ligne : ils n’ont de valeur et de sens qu’en vertu de la miséricorde divine. Il nous faut préciser ce point capital : jamais les sacrifices des hommes, même avec la meilleure intention possible, ne peut nous attirer la bienveillance de Dieu, encore moins nous faire devenir des saints (ou des justes selon l’expression biblique). Si Dieu nous accorde quelque bienfait, c’est toujours d’abord en raison de sa miséricorde. Cette dernière est toujours gratuite (Rm 9, 15-16), rien ne peut l’obtenir. Elle est une pure grâce. Heureusement d’ailleurs, sinon l’homme penserait pouvoir « acheter Dieu » ou bien penserait être juste par lui-même.
Poursuivons un peu plus loin : les sacrifices peuvent même devenir des écrans de fumée cachant l’iniquité du cœur humain. C’est précisément le sens de l’invective de Notre Seigneur aux pharisiens. Nous pourrions faire des sacrifices (qu’ils relèvent du culte public, ou bien à titre personnel), mais si nous vivons en contradiction avec la loi de Dieu, quelle est leur valeur ? Si, pire encore, je m’en sers pour me justifier et me dispenser de changer, ne serait-ce pas me moquer de Dieu ? Les prophètes ont insisté en ce sens (cf. entre autres Is 58, 2-4). Dans certains cas, les pharisiens vont même jusqu’à édicter certaines pratiques qui, de fait, annule la pratique de la Loi ! (cf Mc 7, 11-13). Le plus essentiel des sacrifices consiste tout d’abord dans l’observance de la loi, la lettre et l’esprit, comme le feront remarquer des sages d’Israël (cf. par exemple Si 35, 1-8). Il faut donc tout prendre dans la Loi et dans la Révélation biblique, comme Jésus en « sermonnera » les pharisiens (cf. Mt 23, 23).
Reste une question : les sacrifices sont-ils désormais devenus dépassés, caducs ? Ne serviraient-ils plus à rien ? Ne faudrait-il plus en faire ? Certains dans l’Église le pensent plus ou moins…
Franchissons alors un dernier pas : les sacrifices en soi sont insuffisants pour être saints, nous l’avons dit. Mais la miséricorde doit pouvoir aller jusqu’à transformer le cœur des hommes, afin de les réconcilier avec Dieu et que les hommes deviennent agréables à Dieu. Cependant, l’histoire du Salut révèle l’incapacité de l’homme à accueillir et vivre la miséricorde divine. Il a besoin d’une réconciliation profonde. Le sacrifice de Jésus va opérer ce qui demeurait hors des possibilités de l’homme. Dans la croix de Jésus, sacrifices et miséricorde ne s’opposent pas. Ils sont orientés dans une seul et unique but : réconcilier l’homme avec Dieu, réconcilier l’homme avec ses semblables, et l’homme avec lui-même. Dans la croix de Jésus s’unissent miséricorde et justice. Car les sacrifices se placent du côté de la justice et il fallait en quelque sorte satisfaire à la justice de Dieu pour les péchés des hommes, mais nos sacrifices sont incapables d’y parvenir. Désormais, unis à l’unique sacrifice de la croix, ils y contribuent. Mais c’est en raison du fait que Dieu veut nous laisser une petite part de mérite. Ceci par miséricorde. Reste à rester conscient de leur insuffisance, de rester conscient de la nécessité absolue de la grâce de Dieu, de la gratuité de la grâce, et devenir toujours plus conscients que nous sommes les premiers à avoir besoin de la miséricorde pour être transformés. En fait, nos sacrifices n’ont de valeur et de sens qu’unis en esprit à l’unique sacrifice de la croix. Uniquement à partir de là, ils contribuent à nous transformer nous-mêmes, à toucher les cœurs, sans que nous ayons prétention à quoi que ce soit.Tout est don gratuit de Dieu, la miséricorde sera toujours au-dessus des sacrifices.
Résolution :
Est-ce que j'essaie d'être miséricordieux envers les autres, car la Miséricorde ouvre notre cœur à l’Amour Infini de Dieu. La Miséricorde va de pair avec l'Amour. Continuons de développer cette Miséricorde à l'exemple du Cœur de Jésus.