Lettre Apostolique ( Saint Jean-Paul II ) - Le Jour du Seigneur N°2

Rédigé le 11/11/2024


4. En effet, il n'échappe à personne que, jusqu'à un passé relativement récent, la « sanctification » du dimanche était facilitée, dans les pays de tradition chrétienne, par une large participation populaire et, pour ainsi dire, par l'organisation même de la société civile, qui prévoyait le repos dominical comme un élément constant des normes relatives aux différentes activités professionnelles. Mais aujourd'hui, même dans les pays où les lois garantissent le caractère férié de ce jour, l'évolution des conditions socio-économiques a souvent fini par modifier profondément les comportements collectifs et, par conséquent, la physionomie du dimanche. On a vu largement s'affirmer la pratique du « week-end », au sens de temps de détente hebdomadaire, passé parfois loin de la demeure habituelle et souvent caractérisé par la participation à des activités culturelles, politiques, sportives, dont le déroulement coïncide en général précisément avec les jours fériés. Il s'agit là d'un phénomène social et culturel qui n'est pas dépourvu d'aspects positifs, dans la mesure où il peut contribuer, dans le respect des valeurs authentiques, au développement humain et au progrès de la vie sociale dans son ensemble. Il ne répond pas seulement à la nécessité du repos, mais aussi au besoin de « faire une fête » qui est inné en l'être humain. Malheureusement, lorsque le dimanche perd son sens originel et se réduit à n'être que la « fin de la semaine », il peut arriver que l'homme, même en habits de fête, devienne incapable de faire une fête, parce qu'il reste enfermé dans un horizon si réduit qu'il ne peut plus voir le ciel.
Aux disciples du Christ, en tout cas, il est demandé de ne pas confondre la célébration du dimanche, qui doit être une vraie sanctification du jour du Seigneur, avec la « fin de semaine », comprise essentiellement comme un temps de simple repos ou d'évasion. A ce sujet, il est urgent de parvenir à une maturité spirituelle authentique, qui aide les chrétiens à « être eux-mêmes », en pleine harmonie avec le don de la foi, toujours prêts à rendre compte de l'espérance qui est en eux (cf.1 P3,15). Cela ne peut que favoriser aussi une compréhension plus profonde du dimanche, pour qu'il soit vécu, même dans des situations difficiles, avec une docilité totale à l'Esprit Saint.

5. De ce point de vue, on se trouve en face d'une assez grande diversité de situations. Il y a, d'un côté, l'exemple de certaines jeunes Églises, qui montrent avec quelle ferveur on peut animer la célébration dominicale, dans les villes comme dans les villages les plus isolés. Au contraire, dans d'autres régions, à cause des difficultés d'ordre sociologique déjà mentionnées et peut-être à cause d'une foi trop peu motivée, on enregistre un pourcentage particulièrement bas de participation à la liturgie dominicale. Dans la conscience de nombreux fidèles semble diminuer non seulement le sens de l'aspect central de l'Eucharistie, mais aussi celui du devoir de rendre grâce au Seigneur, en le priant avec les autres au sein de la communauté ecclésiale.
À tout cela s'ajoute, dans les pays de mission et dans ceux qui ont été évangélisés à une date ancienne, le fait que la pénurie de prêtres empêche parfois d'assurer la célébration eucharistique dominicale dans toutes les communautés.

6. Face à ce contexte de nouvelles situations et de questions qui en résultent, il semble plus que jamais nécessaire dereprendre les raisons doctrinales profondesqui se trouvent à la base du précepte ecclésial, afin que tous les fidèles comprennent clairement la valeur irremplaçable du dimanche dans la vie chrétienne. Ce faisant, nous suivons les traces de la tradition constante de l'Église, vigoureusement rappelée par le Concile Vatican II quand il a enseigné que, le dimanche, « les fidèles doivent se rassembler pour entendre la Parole de Dieu et participer à l'Eucharistie, et faire ainsi mémoire de la passion, de la résurrection et de la gloire du Seigneur Jésus, en rendant grâces à Dieu qui les a “régénérés pour une vivante espérance par la résurrection de Jésus Christ d'entre les morts” (1 P1,3) ».

7. En effet, le devoir de sanctifier le dimanche, surtout par la participation à l'Eucharistie et par un repos riche de joie chrétienne et de fraternité, se comprend bien si l'on considère les nombreuses dimensions de cette journée, auxquelles nous prêterons attention dans cette Lettre.
C'est un jour qui se trouve au coeur même de la vie chrétienne. Si, depuis le début de mon pontificat, je ne me suis pas lassé de répéter: « N'ayez pas peur! Ouvrez toutes grandes les portes au Christ! », je voudrais aujourd'hui vous inviter tous avec insistance à redécouvrir le dimanche:N'ayez pas peur de donner votre temps au Christ!Oui, ouvrons notre temps au Christ, pour qu'il puisse l'éclairer et l'orienter. C'est lui qui connaît le secret du temps comme celui de l'éternité, et il nous confie « son jour » comme un don toujours nouveau de son amour. La redécouverte de ce jour est la grâce à implorer, non seulement pour vivre pleinement les exigences propres de la foi, mais aussi pour donner une réponse concrète aux aspirations les plus vraies de tout être humain. Le temps donné au Christ n'est jamais un temps perdu, mais plutôt un temps gagné pour l'humanisation profonde de nos relations et de notre vie.

Résolution:
Cette sanctification du jour du Seigneur, qu’est le Dimanche m’est demandé parce que elle fait mémoire de la Résurrection, et qu’au cours de la Messe Dieu me prodigue son Amour Infini à travers le Sacrement de l'Eucharistie. En ai-je une conscience aiguisée ? Et est-ce que je peux petit à petit transformer ma participation à la Messe dans l'accueil de cet Amour?