Sainte Jeanne Jugan: l'injustice réparée

Rédigé le 16/06/2020


Née à Cancale, en Ille-et-Vilaine, le 25 octobre 1792, Jeanne Jugan est baptisée le jour même à l'église Saint-Méen en pleine tourmente révolutionnaire. Son père, marin comme la plupart des hommes de son pays, est à la grande pêche à Terre-Neuve. 4 ans plus tard, il disparaît en mer. Sa mère reste seule pour élever les 4 enfants ( 4 sont décédés en bas âge). Pour aider la famille, Jeanne à l'âge de 16 ans par comme aide-cuisinière dans un manoir proche de Cancale

Elle y reste jusqu'à l'âge de 25 ans, puis quitte la maison familiale pour Saint Servan où elle  travaille comme aide-infirmière à l'hôpital du Rosais. À la demande en mariage d'un jeune marin, elle avait répondu : « Dieu me veut pour lui, il me garde pour une œuvre qui n'était pas encore fondée. »

Jeanne Jugan ne veut que servir que Dieu et les autres, les pauvres, surtout les plus faibles, les plus démunis. Un soir d'hiver de 1839, elle ouvre son logis et son cœur à une vieille femme aveugle, à demi paralysée, réduite brusquement à la solitude. Jeanne lui donne son lit... Ce geste l'engage à tout jamais. Une seconde vieille femme suivra, puis une troisième… En 1843 elles seront 40 avec, autour de Jeanne, 3 jeunes compagnes. Ces dernières l'ont choisie comme supérieur de leur petite association qui s'achemine vers une vraie vie religieuse. 

Mais bientôt Jeanne Jugan sera destituée de cette charge, réduite à la simple activité de quêteuse, rude tâche dont elle est l'initiatrice, encouragée dans cette démarche de charité et de partage par les Frères de Saint Jean de Dieu. À l'injustice, Jeanne ne répond que par le silence, la douceur, l'abandon. Sa foi et son amour découvre dans cette mesure le chemin de Dieu pour elle et pour sa famille religieuse.

 Au fil des années, l'ombre s'étend de plus en plus sur Jeanne Jugan. Les débuts de son œuvre sont falsifiés. Elle vit 27 ans de mise à l'écart, de 1852 à 1879, ( 4 à la maison de Rennes, et les 23 dernières années de sa longue vie à la Tour Saint-Joseph maison-mère des Petites Sœurs des Pauvres depuis 1856.

À sa mort, le 29 août 1879, elle a 86 ans, peu de Petites Sœurs savent qu'elle est la fondatrice, mais son influence auprès des jeunes postulantes et novices, dont elle a partagé la vie ces 27 ans durant, aura été décisif. En ce contact prolongé, le charisme initial a passé, l'esprit des origines s'est transmis. 

Et peu à peu, la lumière va se faire.. Dès 1902, la vérité commence à se dévoiler: Jeanne Jugan morte dans l'oubli un quart de siècle auparavant n'est pas une Petite Sœur toute simple, mais la première, la Fondatrice ! 

Réflexion : Je prie Sainte Jeanne Jugan de me donner cet esprit de pauvreté et d'humilité