Le tympan de la basilique Sainte Madeleine

Rédigé le 18/10/2016
Jean HUOT


Le tympan (1) de la basilique Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay (2), dans l’Yonne, représente le Christ répandant son Esprit sur les apôtres et les envoyant porter la Bonne Nouvelle au monde. Comme beaucoup d’images réalisées par nos ancêtres (peintures, sculptures, vitraux), ce tympan est en lui-même une vé ri table catéchèse : sa contemplation nous fait entrer dans le mystère de la foi. Il est possible d’en faire la lecture avec les enfants à la rentrée ou à la Pentecôte.

À la rentrée, parce que le Christ de Vézelay, très grand, les mains ouvertes, nous accueille tous en début d’année scolaire et nous ouvre les portes de son Église. Pour signifier cela, Chrétiens médias a inscrit sur son affiche, sous la reproduction du tympan : « Christ nous ouvre les portes de la foi ».

À la Pentecôte, parce que c’est le thème de la scène située dans le médaillon central (Ac 2,1-13). « Allez jusqu’aux extrémités de la terre ».

Nous repérons tout d’abord les personnes représentées sur le tympan. Ils ne sont pas placés au hasard mais, au contraire, dans une composition symbolique rigoureuse.

Au centre du tympan, il y a le Christ. De ses mains s’échappent des rayons. Chacun d’eux vient se poser sur la tête des douze hommes qui l’entourent. Ceux-ci tiennent dans leurs mains un livre ouvert ou fermé. L’un deux tient en outre des clés. C’est Pierre au milieu des douze apôtres.

Remarquons la vitalité des attitudes. Pierre et l’apôtre qui lui fait pendant sont assis, tournés vers le Christ. Le voisin de Pierre est levé, la tête tournée vers l’extérieur. Au second plan sur la droite de l’image, un autre apôtre est déjà en train de partir. Comment mieux dire le dynamisme de l’Esprit qui donne de comprendre les paroles du Christ : « Va vers mes frères et disleur… Le Seigneur est ressuscité ».

En bas, sur le linteau et dans les niches du demi-cercle, sont évoquées les nations connues et inconnues vers lesquelles le Christ envoie ses apôtres. L’imagination du sculpteur (longues oreilles, géants, hommes à têtes de chiens) n’est pas gratuite. Elle signifie que même ceux que les hommes d’Occident du XIIe siècle ne connaissent pas encore, ont partie liée avec le Christ. Le cosmos tout entier lui appartient. Il vient rassembler tous les hommes et inaugure la nouvelle création.

Le Christ maître du temps

Notre regard est immédiatement attiré vers le Christ, à cause de sa haute taille et de sa position centrale. De face, genoux tournés vers la gauche, grandes mains ouvertes, il est assis sur un trône, sa tête est nimbée d’une auréole. Son corps tout entier est inscrit dans une forme en amande, la mandorle symbole de vie, tout comme les spirales qui ornent son vêtement.

Le premier demi-cercle qui l’entoure est ouvert au sommet, comme si le Christ ne pouvait être contenu dans cet espace. Cette ouverture prolonge l’axe vertical du tympan sur lequel il est placé et atteint le troisième demi-cercle (ou voussure). Que trouvons-nous dans cette voussure ? Les travaux des mois et les signes du zodiaque. Ceux-ci sont justement interrompus sur la frise par quatre motifs étonnants (n° 28 à 31). L’oiseau au cou replié représente le solstice d’été : le moment où le soleil parvenu au plus haut de sa course redescend. Les trois personnages enroulés sur eux-mêmes s’inscrivent dans trois cercles, symboles d’éternité. Placés au-dessus du Christ, ils interrompent le cycle des travaux et du zodiaque. Manière symbolique d’exprimer que le Christ est le maître du temps, qu’il nous arrache à l’éternel recommencement des jours, qu’il est notre jour éternel et sans fin. Le premier et le dernier médaillon de la voussure représentent un homme coupant du pain (n° 15), l’autre, un homme tenant une coupe de vin (n° 44). Pain et vin de l’eucharistie « fruits du travail de l’homme et de la terre ». Placés au commencement et à la fin de la frise, ils symbolisent que le labeur quotidien prend tout son sens dans le Christ.

 

Notes

  1. Le tympan est un des éléments du porche d’une église. C’est l’espace compris entre lelinteau (situé au-dessus de la porte) et l’arc qui le domine. À Vézelay, ce tympan est situé au-dessus de la deuxième porte. Celle-ci sépare l’église du narthex, lieu où se tenaient les catéchumènes qui n’étaient pas autorisés à entrer.
  2. Il est reproduit p. 4 de Pierres Vivantes et a été publié en affiche par Chrétiens Médias.« Véritable catéchèse, ce tympan nous fait entrer dans le mystère de la foi ». « On observe une hiérarchie: le Christ occupe une place toute particulière ».