Cette “salle à l'étage déjà prête” nous dit que Dieu nous précède toujours. Avant même que nous ne réalisions que nous avons besoin d'accueil, le Seigneur a déjà préparé pour nous un espace où nous pouvons nous reconnaître et nous sentir ses amis. Ce lieu est, au fond, notre cœur : une “salle” qui peut sembler vide, mais qui n'attend qu'à être reconnue, remplie et entretenue. La Pâque, que les disciples doivent préparer, est en réalité déjà prête dans le cœur de Jésus. C'est Lui qui a tout pensé, tout disposé, tout décidé. Cependant, il demande à ses amis de faire leur part. Cela nous enseigne quelque chose d'essentiel pour notre vie spirituelle : la grâce n'élimine pas notre liberté, mais la réveille. Le don de Dieu n'annule pas notre responsabilité, mais la rend féconde.
Aujourd'hui encore, comme alors, il y a une cène à préparer. Il ne s'agit pas seulement de la liturgie, mais de notre disponibilité à entrer dans un geste qui nous dépasse. L'Eucharistie ne se célèbre pas seulement sur l'autel, mais aussi dans le quotidien, où il est possible de vivre chaque chose comme offrande et action de grâce. Se préparer à célébrer cette action de grâce ne signifie pas en faire plus, mais laisser de la place. Cela signifie enlever ce qui encombre, réduire ses prétentions, cesser de cultiver des attentes irréalistes. Trop souvent, en effet, nous confondons les préparatifs avec les illusions. Les illusions nous distraient, les préparatifs nous orientent. Les illusions recherchent un résultat, les préparatifs rendent possible une rencontre. Le véritable amour, nous rappelle l'Évangile, se donne avant même d'être réciproque. C'est un don anticipé. Il ne se fonde pas sur ce qu'il reçoit, mais sur ce qu'il désire offrir. C'est ce que Jésus a vécu avec les siens : alors qu'ils ne comprenaient pas encore, alors que l'un était sur le point de le trahir et un autre de le renier, Lui préparait pour tous une cène de communion.
Chers frères et sœurs, nous sommes nous aussi invités à “préparer la Pâque” du Seigneur. Pas seulement la Pâque liturgique, mais aussi celle de notre vie. Chaque geste de disponibilité, chaque acte gratuit, chaque pardon offert à l'avance, chaque effort accepté patiemment est une manière de préparer un lieu où Dieu peut habiter. Nous pouvons alors nous demander : quels espaces de ma vie dois-je réorganiser pour qu'ils soient prêts à accueillir le Seigneur ? Que signifie pour moi aujourd'hui “préparer” ? Peut-être renoncer à une prétention, cesser d'attendre que l'autre change, faire le premier pas. Peut-être écouter davantage, agir moins, ou apprendre à faire confiance à ce qui a déjà été organisé.
Si nous acceptons l'invitation à préparer le lieu de la communion avec Dieu et entre nous, nous découvrons que nous sommes entourés de signes, de rencontres, de paroles qui nous orientent vers cette salle, spacieuse et déjà prête, où l'on célèbre sans cesse le mystère d'un amour infini, qui nous soutient et qui nous précède toujours. Que le Seigneur nous accorde d'être d'humbles préparateurs de sa présence. Et, dans cette disponibilité quotidienne, que grandisse en nous cette confiance sereine qui nous permet d'affronter tout avec un cœur libre. Car là où l'amour a été préparé, la vie peut vraiment s'épanouir.
Résolution :
Quels aspects de ma vie dois-je réorganiser pour qu'ils soient prêts à accueillir le Seigneur ? Que signifie pour moi aujourd'hui “préparer” la Pâques du Seigneur, la Pâques de notre vie. Cela peut signifier concrètement aujourd'hui : comment vais je préparer ce pèlerinage vers Vézelay ou Paray le Monial que je vais effectuer cette année, en communion avec mes frères et mes sœurs sur les routes de la Basilique Sainte-Marie-Madeleine ou dans la ville du Sacré-Coeur de Jésus et de Sainte-Marguerite-Marie ?